Taillon.
La
colonne avance, d’un pas sûr, d’un pas lent,
A la
suite de Richard, cheveux dressés au vent,
Tels
l’étendard glorieux des armées d’Hannibal
Guidant
les éléphants à la victoire finale.
Foulant
glaciers, rocailles, d’improbables sentiers,
Pensant
atteindre le ciel par la brèche de Roland,
Elle
sonde le silence, croit entendre l’olifant,
Sursaute,
s’effarouche, à la chute d’un rocher.
Tel
Richard Cœur de Lion parti pour la croisade,
En
quête d’absolu, d’impossible vision
D’un
monde uni dans la foi, une ballade,
Ode
à la joie, soudain jaillit en oraison.
Il
parcourt la montagne, pétrifié tour à tour
Par
la beauté d’une fleur, les couleurs de l’automne,
Un
rayon de soleil et les nuées qui tonnent,
Admirant
Dame Nature dans ses plus beaux atours,
Puis
il hurle à tout venant, « Putain, que c’est beau ! »,
Voulant
que l’univers à l’unisson résonne
Et
que dans les villages tous les clochers sonnent
Pour
fêter sa plénitude par monts et par vaux.