Nous
allons voir la neige située sur le bord du plateau opposé au
cimetière reconnaissable à la quantité de ses pierres
dressées (les amoureux de la montagne demandent parfois à leurs
proches qu'après leur mort leurs cendres soient dispersées depuis
le sommet de l'Autza). Xavier la teste en y marchant, tandis que Max et moi
guettons sa chute à travers l'objectif de notre appareil photo... Elle
ne vient pas.
Serge
décide de descendre tout schuss à travers les rochers pour rejoindre
l'orée du bois, puis le bas de l'Autza en courant. Ensuite, après
être remontés un peu sur la colline en face, nous obliquons vers
la gauche en direction du col d'Ispéguy.
Nous nous engageons dans
une très jolie hêtraie dont le sol couvert de mousse ou d'herbe rase
évoque un parc entretenu quotidiennement. La lumière joue à
travers les feuillages tendres, se frayant un passage et se répandant en
flaques mordorées sur la terre blonde. J'y
aurais bien fait une petite sieste, mais seul Jean-Louis me tient compagnie, les
autres ont filé comme des flèches, ne songeant qu'à leur
bière. Des rochers éclaircissent le sous-bois, dans lesquels s'ouvre
l'antre mystérieux d'une grotte. Pas le temps de partir en exploration, il faut avancer
pour rejoindre le groupe.
Le
paysage s'ouvre de nouveau sur des prés d'herbes fleuries en pente,
longés par une forêt de petits chênes sur la crête
et l'autre pente. Nous suivons les marques rouges qui préconisent de
quitter les hauteurs pour les herbages où la sente descend doucement
vers la vallée. La brise joue avec la végétation, emportant
les odeurs au loin et brassant des bouffées de chaleur. Le soleil tape
dur et la lumière éblouit, tandis que nous franchissons un petit
ruisseau et que le son d'une cascade commence à résonner à
nos oreilles.
L'eau
n'est jamais bien loin, dans ces montagnes, elle surgit d'endroits invraisemblables,
stagne à flan de côteaux en tourbières caractéristiques,
transforme des chemins en torrent ou fondrière, ravine le paysage et
l'abreuve en même temps.
Serge
s'arrête au bord d'un bas-côté creusé par les pluies
où l'eau stagnante est emplie d'algues chevelues et de lentisques.
D'habitude, nous trouvons des tétards dans ces mini-mares. Aujourd'hui,
pas un seul à l'horizon. Par contre, Serge nous fait remarquer une
forme allongée, quasiment de la couleur de la vase : c'est un triton,
déclare-t-il. Ce sont des amphibiens qui, une fois devenus adultes,
sont capables de respirer aussi bien dans l'eau que hors de l'eau :
il
a étudié la question avec ses élèves, allant jusqu'à
élever quelques têtards en aquarium pour leur montrer la métamorphose
en grenouilles.
Cette année, il
a fait la connaissance sur le marché d'Itxassou d'un entomologiste,
collectionneur passionné de papillons, qui a accepté de venir
faire un exposé à l'école et même apporté
en prime des chenilles de paon du jour, qui se nourrissent de feuilles d'ortie
exclusivement. Serge est encore tout étonné d'avoir pu assister
en direct, avec ses élèves, à la formation d'une chrysalide.
"-Mais
pourquoi la chenille gigote comme çà ? -Regardez comme elle
se tortille : elle est suspendue à une tige, s'extirpe de sa peau et
s'enveloppe d'une feuille d'ortie. Après elle restera immobile pendant
des jours, sans manger, pendant tout le temps de sa métamorphose en
papillon." Assister en personne à de tels événements
naturels impressionne bien davantage que la vue d'un documentaire filmé
à la télévision et marque mieux les esprits. Ces élèves
s'en souviendront certainement leur vie durant.
En
longeant les berges du torrent, nous voyons sur la rive droite, puis un peu
plus loin sur la rive gauche, des maisons dont il ne reste que quelques murs
et embrasures de fenêtres. Plus en amont, nous avons longé également
plusieurs "bordes" ou bergeries aux murs de pierre décrépis
et branlants, au toit effondré, arbustes et herbes folles ayant envahi
l'espace rendu à la nature. La montagne était bien plus habitée
autrefois, aux temps de la préhistoire, bien sûr, où il
faisait je crois plus chaud qu'aujourd'hui, mais également à
des époques plus récentes, notamment à partir de la fin
du XVème siècle, d'après les sites internet que j'ai
consultés, époque de croissance de la population. La dernière
demi-heure est passée à marcher sur la route qui mène
aux fermes les plus éloignées de Saint Etienne de Baïgorri,
qui se consacrent à l'élevage du cochon en plein air, dans des
prairies. Ceux-là, ils doivent être réservés dès
avant leur naissance par les consommateurs locaux...
RETOUR |
![]() |
![]() |
Une magnifique randonnée (Saint Etienne de Baïgorri - crêtes - Autza - col d'Ispeguy) Participants : Max, Xavier, Serge, Jean-Marc, Jean-Louis et Cathy |
![]() |
![]() |