Lorsque nous sommes nombreux, un effet de groupe se produit, qui galvanise les énergies et réduit les tensions, notamment intra-familiales. C'est vrai que les enfants n'étaient pas super-enthousiastes pour marcher, mais nous voulions qu'ils fassent au minimum une randonnée avec nous, même petite. N'ayant pas d'autre choix que de nous suivre, ils sont donc venus à la balade des lacs du Néouvielle, qui s'effectue à partir du parking du lac d'Aubert (à 20 minutes en voiture en amont d'Orédon). Contrairement à l'an passé où nous avions trouvé la montagne desséchée, aujourd'hui elle regorge d'eau qui sourd de toutes parts. D'une montagne à l'autre, les cloches des troupeaux résonnent, moutons ou vaches perdus dans le chaos de roches claires, invisibles mais présents, qui protestent parfois d'être dérangés en bêlements aigus ou graves. Un agneau à peine sorti du ventre de sa mère laisse pendre encore son cordon ombilical, un autre, d'un blanc duveteux, cogne de sa tête tendre les tétons maternels emplis de lait.
Il faut faire attention où nous mettons les pieds : le sentier passe tantôt sur la roche dure, à peine recouverte d'une mince couche de terre et d'herbe, tantôt dans des zones marécageuses et de tourbières, où de grandes touffes d'herbe grasse cachent des fondrières où s'enfoncent les pieds et où nous manquons de perdre nos chaussures. Nous faisons la chasse (photographique) à la grenouille. Il y en a plein, mais elles se cachent ! Nous nous séparons au premier col, où il faut partager les pique-niques. Surprise ! Notre hôte a préparé des tupperwares de pâtes froides sans joindre de fourchettes ! Et il a oublié de nous fournir le jambon et le fromage, en outre quelques tranches de pain sont plutôt desséchées... Il y a de la grogne dans l'air. Le soir, nous aurons le fin mot de l'histoire : un groupe nous a précédé, levé de meilleure heure, et a intercepté une partie des sacs qui nous étaient destinés. Le responsable du gîte, pour se faire pardonner, ne nous a compté que la moitié du prix, nous avons mangé à volonté au dîner, et après le dessert, nous avons eu des crêpes : l'incident était clos, on n'en parle plus ! Les enfants (sauf Cédric) restent avec Yann, Isabelle et Michèle à pêcher la grenouille et observer les petites bêtes, tandis que le reste du groupe effectue une grande boucle d'un lac à l'autre en passant par deux autres cols. Comme si cela ne suffisait pas, les plus énergiques grimpent deux pics en supplément (dont le pic de Madamète à 2657 mètres pour Cédric, Max, Serge et Richard), en nous faisant regretter de n'y être pas allés, tant ils ont vu de belles choses, de là-haut (le Vignemale, le Mont Perdu recouvert d'une calotte neigeuse...).
C'est étonnant, la distance que nous pouvons parcourir en une journée dans ce paysage immense, montant et descendant en suivant les sentiers tracés par le bétail. A deux rangées de montagnes se trouve le pic du Midi de Bigorre, qui domine les stations de ski de La Mongie et de Super-Barèges, invisibles depuis l'endroit où nous nous trouvons. Sur la gauche, là où la vallée se rétrécit, nous apercevons les pilônes des télésièges de Barèges. Nous ne descendons pas si bas mais préférons obliquer "hors piste" en direction d'un autre lac pour changer du circuit de l'an passé. Comme toujours, il faut se couvrir et se découvrir sans cesse, en fonction du vent qui souffle fraîchement à ces altitudes élevées, refroidi par les névés isolés qui persistent malgré le soleil.
Nous nous blottissons pour le déjeuner à l'abri de gros rochers blancs près d'un lac parfaitement transparent. Au-dessus des cimes, les nuages s'étirent, déchirés par un courant violent. Laissant les autres terminer leur repas pantagruélique bien arrosé de vin, Jean-Louis, Richard et moi traversons avec difficulté un chaos de rochers pour gagner deux autres lacs. Ensuite, une fois regroupés, nous montons au col, d'où Cédric redescend en courant jusqu'au gîte (en tombant deux fois, malgré mes recommandations préalables de prudence), et Jean-Louis et moi retournons tranquillement aux voitures pendant que les autres font l'ascension d'un deuxième pic, pour le plaisir. Jean-Marc nous rattrape le premier, Serge et Max à 20 mètres derrière, suivis de Xavier, puis de Richard. Ils adorent faire la course, aussi bien en montée qu'en descente, et se réjouissent comme des gosses lorsqu'ils réussissent à prendre la tête : il faut les entendre raconter les péripéties de l'Hirukasko -"Pendant qu'il renouait son lacet, on en a profité pour passer devant, tu penses, il ne fallait pas rater cette occasion de le dépasser !..." - "Il s'est mis à avoir mal au genou, alors, pour une fois qu'il ralentissait, on a accéléré !..." -
RETOUR | 2/4 |
Séjour
en vallée d'Aure |
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du 17 au 20 août
2004
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Participants : Michèle,
Max, Julien et Jérémy, Isabelle, Yann, Florian et Cécile,
Richard, Anna et Sammy, Cathy, Jean-Louis, Cédric et Jonathan,
Xavier C., Serge C., Jean-Marc, Thierry |