La
campagne de la Rioja est vraiment très jolie, je conduis tranquillement
pour l'admirer sans danger. J'apprécie son relief vallonné,
l'alternance du blé et de la vigne, les sierras désertiques
qui bornent le lointain. J'ai le coup de foudre pour un petit château,
certainement possédé par un viticulteur, et qui fut sans doute
d'abord une habitation seigneuriale flanquée de sa chapelle particulière
et de ses dépendances.
Quel
dommage que la route passe si près, avec le tonnerre des moteurs
de milliers de camions qui soulèvent la poussière des bas-côtés
! Un autre château, pâle reflet du précédent,
semble tout droit sorti d'un film et nous amuse par son incongruité
et la fatuité évidente de son propriétaire.
Chaque
village possède son église, et je suis à chaque fois
tentée de faire un détour pour l'admirer. Ce sont les églises
romanes qui me touchent le plus, par la simplicité des lignes architecturales
et l'abondance des personnages sculptés pittoresques, dont il me
manque la clé d'interprétation pour reconnaître les
passages de la Bible ainsi représentés.
La
luxuriance de détails visibles malgré les outrages du temps
me fait regretter le dépouillement de notre architecture moderne.
Souvent, un clocher à l'exubérance barroque surmonte la partie
romane. C'est là que nous trouvons les cigognes, qui affectionnent
particulièrement ces aspérités qui permettent de mieux
fixer leurs nids gigantesques de branchages entrecroisés.
Nous
apercevons au milieu des vignes, isolée, une petite chapelle. Plus
loin, sur un piton rocheux se dresse une église aux lourds contreforts
qui domine un petit village installé à ses pieds. Nous faisons
halte à Briones, village
plein de charme bâti sur un rocher qui organise en son sein chaque
année à la mi-juin une fête médiévale,
assortie d'un marché et de manifestations folkloriques et où
tous les habitants se costument pour l'occasion. Les petits enfants jouent
sur l'aire de jeu aménagée sur la corniche sous l'oeil bienveillant
des mères assises sur le banc, face à la vue magnifique sur
la campagne en contrebas.
Les
vieux se promènent dans les rues paisibles, s'apostrophant de loin
pour échanger les dernières nouvelles. Une impression de bonheur
tranquille se dégage de cette petite communauté dont le rythme
est scandé par la cloche de l'église où l'on peut lire
l'heure sur le cadran solaire...
Nous avons réservé
une chambre d'hôtel à Haro,
dont la fondation remonte au Xème siècle, mais la région
était occupée auparavant par les Varons, puis les Romains,
comme dans toute la Rioja. Ainsi qu'à Logroño, la première
impression est celle d'un laisser-aller en ce qui concerne l'habitat ancien.
Elle est confirmée par la visite que je fais à mon réveil,
mais les lumières du soleil levant magnifient la couleur de la pierre
et jouent sur les reliefs sculptés. Dans le calme des rues piétonnes,
une femme d'un certain âge appelle à tue-tête depuis
le centre d'une petite place sa copine qui habite l'une des maisons. Du
fond du logement celle-ci lui répond, et elles se mettent à
converser sans égard pour le voisinage qui apprend en détail
les raisons pour lesquelles elle fait la grasse matinée et n'arrive
pas à émerger après une nuit trop courte
!!!
Ah,
l'Espagne...
Je poursuis ma montée
en direction de l'église qui domine la ville au sommet de la colline.
Le panorama est magnifique. Au sud, les sierras sont encore marbrées
de neige, plus près, j'admire les méandres de l'Ebre bordé
de saules ou de peupliers, les vignes et les toits de tuiles aux couleurs
passées. La veille au soir, nous avons demandé conseil à
notre serveuse du restaurant (il était 20h30 et nous étions
les seuls convives, elle nous a pris pour des Anglais) pour visiter une
cave ancienne (de producteur de vin). Elle
nous a indiqué la "bodega" R.
Lopez de Heredia dont le principal vin se nomme "Viña Tondonia",
la plus ancienne cave de la ville, la 3ème plus ancienne de la Rioja,
et parmi les 10 plus anciennes d'Espagne !
L'employée
de l'office du tourisme face à l'hôtel nous a montré
sa situation sur le plan et elle a très gentiment accepté
de téléphoner à notre place pour prendre rendez-vous
pour une visite. Nous avons eu de la chance, ils ont accepté de nous
recevoir à 11 heures et nous nous y sommes rendus à pied tranquillement,
après avoir changé la voiture de place. En effet, les contractuels
(sympas) nous avaient mis un papillon sur le pare-brise la veille au soir,
à 19 heures 30, une heure après notre arrivée. C'est
comme cela que j'ai appris que les parcmètres fonctionnent jusqu'à
20 heures en Espagne sur les places de parking cernées de peinture
bleue. En zone blanche, le parking n'est pas payant. Ils savaient bien que
nous étions à l'hôtel en face, puisque nous étions
immatriculés en France, et ils n'ont pas eu la correction d'en avertir
le préposé afin de nous éviter ce désagrément.
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Séjour
culturel 20-22 Mai 2004 |
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Cathy et Jean-Louis |