Cathy, Jean-Louis chez Cédric et Loreto, avec Jonathan, Alexis et Marie | Un bateau dans le ciel |
Séjour du 24 octobre au 7 novembre 2012 |
L'insurrection espagnole contre la France napoléonienne en 1808 offrira l'opportunité aux Canariens de créer des organes politiques indépendants de la péninsule, la Grande Canarie et Tenerife effectuant une lutte administrative pour obtenir le pouvoir dans l'archipel. Le commerce possède à partir de 1825 un nouveau produit d'exportation, la cochenille (un insecte). En Amérique centrale et du sud (Mexique, Pérou), on tire de Dactylopius coccus, qui s'alimente de figuier de Barbarie (ou nopal) (Opuntia ficus-indica), un carmin rouge cramoisi constitué d'acide carminique pur (anthraquinone résistante au lavage). 70 000 cochenilles produisent 500 g de carmin. Il a été utilisé pour teindre les tissus, la peau, des poteries ou comme colorant alimentaire, depuis au moins 400 avant J.-C. Les envahisseurs espagnols élèvent en secret ces cochenilles, entre autres à Malaga, et dès 1626 aux îles Canaries (dans des "nopaleries" ou plantations de figuiers de Barbarie volontairement infectés par ces cochenilles). Son succès dans les années 1660 engendre une véritable fièvre de production. Des surfaces immenses sont dédiées à cette culture. À Tenerife, le marché de la cochenille réussit à atteindre 90% des exportations, transformant considérablement l'économie. Elle est encore actuellement très utilisée dans l'alimentation, notamment dans les yaourts (le colorant E-120), les chorizos, bonbons, vêtements, industrie textile, cosmétiques ou l'industrie pharmaceutique (sirops, comprimés...). Les colorants chimiques de synthèse concurrencent cette production à partir des années 1850, faisant chuter les prix. C'est alors la ruine des petits exploitants, l'aggravation du chômage et l'augmentation considérable de l'émigration vers les Amériques. - Photo : L'un des plus anciens châtaigniers de l'île au tronc énorme. -
La lutte entre les différentes puissances européennes pour l'obtention de nouveaux marchés et l'acquisition de matières premières à bas prix apporte un élément nouveau dans l'ordre international. La Conférence de Berlin, en 1884, organise un partage des territoires, l'Europe se répartit le continent africain alors que les Américains font de même avec le continent américain. Les Canaries en profitent pour revaloriser leurs positions stratégiques, ce qui leur vaudra, pendant la première guerre mondiale, d'être la scène de combats sous-marins entre Anglais et Allemands qui vont affecter sérieusement ses exportations. Les îles trouvent, à partir du 20e siècle, un nouveau produit à exporter, la banane qui, durant la première décennie est surtout dirigée vers l'Angleterre. A partir de 1911, l'expansion mondiale de la banane de l'Amérique centrale, vendue à bas prix, crée une phase d'incertitude dans la production canarienne. Il faut ajouter que la première guerre mondiale va réduire fortement leurs exportations. Il faudra attendre 1920 pour retrouver une exportation fruitière aux Canaries qui perdra son marché anglais en 1929, date de la crise financière de Wall Street qui aura des effets négatifs sur la vie économique de l'archipel. - Photo : L'un des plus anciens châtaigniers de l'île au tronc énorme. -
Durant le XXe siècle, l'agriculture perd de son importance dans le produit intérieur brut (PIB) canarien, 32% en 1960, 4% aujourd'hui. L'agriculture destinée au marché intérieur est très variée, tandis que celle destinée à être exportée vers les marchés européens se concentre sur quelques produits (principalement la banane, la tomate et les fleurs coupées), dont la situation est conditionnée par les changements apportés par l'intégration des îles Canaries dans la Politique Agricole Commune (PAC). Le tourisme fait son apparition en 1880, et on commence à le considérer comme une option économique. A partir de 1900, il commence à prendre de l'importance et sera une aide après le premier conflit mondial. Il faudra attendre 1960 pour qu'il connaisse un développement spectaculaire associé à la construction d'infrastructures spécifiques (aéroports, ports, autoroutes, immobilier...). 1960 marque aussi la transformation paysagère des sommets, alors quasiment dépourvus d'arbres de quelque envergure et dédiés à la culture de céréales. Ils sont achetés de façon peu orthodoxe par les institutions publiques, la majorité des vendeurs ne sachant pas lire ce qu'ils signent, ou les vendeurs n'étant pas les propriétaires... En 1990, à la mort de Franco et l'entrée de l'Espagne dans la CEE, un nouveau coup d'accélérateur est donné au tourisme. Beaucoup de terres d'altitude encore cultivées sont laissées à l'abandon, vouées à la friche, et les gens descendent travailler sur la côte. - Photo : La pinède de la réserve naturelle du Teide au-dessus d'Aguamansa. -
Quel gaspi ! Cédric, par volonté et par nécessité, récupère et recycle. Il a noué une relation avec une personne qui s'occupe de l'approvisionnement dans un supermarché et qui lui donne des palettes normalement destinées à la casse. Elles sont en parfait état, parfois peintes, et il s'en sert pour dresser des clôtures qui protégent son bétail et ses cultures des prédateurs (lapins, chiens errants...). Il construit aussi avec l'aide et l'ingéniosité de Jonathan et Alexis un piège diabolique ! Il a l'air de bien fonctionner quand on le teste, mais cela doit faire drôlement rigoler les lapins, car pas un ne s'y fait prendre ! - Photos : Palettes pour les clôtures et pour le piège à lapins. -
Cédric retourne au supermarché le 1er novembre et là, c'est le jackpot ! Des fruits, des légumes, des laitages en quantités ! En effet, la direction ne paie plus de personnel pour suivre les stocks en rayon. Il y a juste un inventaire permanent à l'ordinateur grâce auquel les commandes sont passées à l'avance, après avoir évalué statistiquement les ventes du mois. Lorsque la marchandise arrive, il faut faire de la place. L'employé emballe et pèse soigneusement tout ce qui est destiné à être jeté, passe la "douchette" pour retirer les invendus du stock permanent et il emporte des cageots entiers d'oranges, de pommes, de kiwis, de salades qu'il met à l'extérieur du magasin, bien rangés par catégories sur les palettes également au rebut. Bien souvent, les produits n'ont même pas atteint la date de péremption et ne sont pas abîmés. Plutôt que de risquer la rupture de stock, la direction préfère avoir des surplus, c'est la politique de la maison dont le coût est supporté par le consommateur. Heureusement, ce gestionnaire a une bonne mentalité, et il distribue cette "marchandise" à ceux qui se présentent. Bien sûr, il y a du tri à faire, mais à la ferme, rien n'est perdu, ce qui ne convient pas aux humains est donné aux animaux ou mis au compost pour être converti en bonne terre. Nous nous faisons des ventrées de guacamole avec des avocats géants, mous, mûrs et goûteux, pas du tout marron à l'intérieur comme c'est le cas souvent sur nos étalages français ! Nous préparons d'immenses salades de fruits, des compotes, des bananes flambées, des ratatouilles, des salades vertes, j'en passe et des meilleures ! - Photos : Récupération de rebuts au supermarché. Système du piège à lapins. -
Pour aménager son cube de béton, il a bénéficié d'une "opportunité". Lorsqu'un hôtel change de propriétaire, le successeur change tout, les portes, les fenêtres, les télés, il jette le mobilier en interdisant au personnel de prendre quoi que ce soit. Ainsi, Cédric récupère plusieurs portes dont il fait des cloisons. Par ailleurs, un artisan menuisier qui déménageait sur la péninsule lui a donné des planches et des fenêtres qu'il entrepose dans un coin en attendant de percer les trous correspondants dans ses murs. Un voisin, désireux de changer une partie de son mobilier, lui a offert une magnifique table en châtaignier. Il a aussi récolté des tissus dont il orne ses paravents et de la moquette pour faire salon. Outre sa cheminée, il a fabriqué lui-même le coin douche et installé la cuisine. Pour le reste, Loreto ajoute sa touche de magie, des repas extraordinaires, la gaieté des jeux et devinettes et, pour Halloween, ballons de baudruche et maquillage ! L'absence de lumière, mises à part les bougies et les deux lampes de bureau qui se rechargent avec le soleil (pas évident, quand il pleut pendant des jours d'affilée), engendre une ambiance de clair-obscur très tableau hollandais... ou Frankenstein. Cédric assure l'accompagnement musical à la guitare et au chant, tandis que ses deux élèves, Jonathan et Alexis, s'entraînent assidûment au didgeridoo. - Photos : Halloween, séance de maquillage. -
Au chapitre récupération, Cédric a aussi eu des poules pour la modique somme de 0,50 Euros chacune. Issues d'un élevage intensif, elles n'étaient plus assez productives (un à deux oeufs par jour). Quand il les a sorties de la voiture et qu'il les a posées dans le poulailler, elles tenaient à peine debout, elles étaient toutes dépigmentées, avaient les yeux fixes et fous, étaient effrayées de tout. Quand il les lâchait d'un peu haut, elles tombaient comme des pierres, elles n'avaient même pas l'idée d'ouvrir les ailes. Leurs ongles étaient très longs. Petit à petit, elles se sont colorées en marron, la crête a rougi, les ongles se sont émoussés en grattant la terre et elles ont appris à battre des ailes au point d'être capables de s'envoler quand les chiennes les coursent. Elles sont beaucoup plus toniques... et pondent.
Le seul problème, c'est qu'il faut bien les maintenir dans l'enclos, car sinon, elles se cachent sous les buissons de bruyère arborescente dans des endroits inaccessibles et invisibles, et c'est tout bénéf' pour la chienne Lua qui a appris à percer délicatement les oeufs dont elle lèche le contenu. Nous l'avons prise en flagrant délit un jour, c'est comme cela que nous le savons. Plusieurs oeufs ont ainsi été retrouvés brisés. Mais dès qu'on change quelque chose à leurs habitudes, elles cessent de pondre quelque temps. Lorsque Cédric a réaménagé le poulailler pour y mettre de nouveaux pondoirs, elles ont fait la grève de l'oeuf ! Etre fermier, cela s'apprend ! Pour les chèvres, certains éleveurs raisonnent de même et estiment qu'elles ne vivent pas plus de quatre ans. En réalité, elles peuvent vivre 10, 15, voire 25 ans, mais bien sûr, elles ne donnent plus de lait, servent uniquement de "débroussailleuses" et meurent de vieillesse. - Photo : Poule locale avec ses trois poussins. -
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