Richard et Anna, Marion et Sophie, Cathy et Jean-Louis, conduits dans un minibus par le chauffeur indien Bipin en Rajasthan / Réception de Cathy et Jean-Louis à Mumbai chez Ramya, Shri et Mahesh, puis chez Rashmi et ses parents, et visite d'un jardin botanique avec Maithili. | Circuit en Rajasthan / Séjour à Mumbai |
3 au 16 mars au Rajasthan et du 16 au 22 mars 2013 à Mumbai |
A peine à une heure de route de Khuri (pour 50 km), se trouve la ville de Jaisalmer, en plein désert du Thar. Son succès touristique lui vaut les inquiétudes de l'Unesco, car il s'accompagne d'un afflux de commerces, d'hôtels et de restaurants à l'intérieur de l'enceinte, en l'absence de tout système de collecte des eaux usées. Elles s'écoulent en suivant la pente et provoquent l'effritement et l'éboulement des murailles de grès de cette magnifique enceinte fortifiée. Notre guide nous recommande de ne rien acheter à l'intérieur durant notre visite, de façon à ne pas encourager ces pratiques néfastes qui vont d'ailleurs à l'encontre de leur propre intérêt. Mais pour l'heure, ce n'est pas ce qui inquiète la population. Nous arrivons en pleine manifestation des jeunes filles scolarisées qui protestent contre l'avortement des foetus féminins. - Photos : Ci-dessus, les murailles de la citadelle de Jaisalmer - Manifestation des écolières et étudiantes contre l'avortement des foetus féminins. -
En effet, comme pour la Chine, l'utilisation de l'échographie aux fins de choisir le sexe de l'enfant à venir a été l'un des effets pervers des mesures prises par le gouvernement indien pour lutter contre la démographie galopante, très vite après son avènement à l'indépendance en 1947. Une étude très complète montre les difficultés immenses auxquelles l'Inde est en butte. L'un des paramètres importants est celui de l'éducation. Nous ne devons pas nous laisser abuser par les défilés d'écolières en uniforme. Nous voyons sur la carte ci-contre que le Rajasthan laisse plus de la moitié de ses femmes dans l'illettrisme. Dans cet Etat, elles conservent traditionnellement des relations de dépendance et d'infériorité vis à vis des hommes. Il y a une couverture des services de santé plus limitée et une mortalité infantile et juvénile supérieure à la moyenne nationale, ce qui induit les familles à avoir davantage d'enfants, pour compenser. Enfin, cet Etat a un moindre engagement politique dans la mise en oeuvre des programmes de planification familiale, à l'instar des trois autres Etats du Nord, l'Uttar Pradesh, le Bihar et le Madhya Pradesh. Le Rajasthan et le Bihar ont les taux d'accroissement de la population les plus élevés de l'Inde, alors que des Etats du Sud comme le Kerala ont une croissance démographique inférieure à celle de la France. - Schéma : Niveau d'instruction des femmes (2001), 75% ou plus pour le noir à moins de 40% pour le plus clair. -
Gandhi témoigne de la violence exercée par sa propre famille qui lui imposa de se marier dès l'âge de 13 ans, bien qu'il rapporte qu'il ne l'avait pas ressentie comme telle sur le moment. Il relate qu'il faisait preuve d'autoritarisme à l'égard de son épouse qui avait son âge. Etant amoureux et jaloux, il cherchait à contrôler ses faits et gestes et à la cantonner à la maison, ce qu'elle ne supportait pas et cela soulevait des disputes sans fin dans le couple d'adolescents. Conscient de l'écart de mentalité qui existait à l'égard de sa femme illettrée, il eut à coeur d'entreprendre des années durant son éducation, alors qu'elle n'en ressentait pas la nécessité. Il y avait manifestement un gouffre d'incompréhension entre les deux. Ayant été séparés durant plusieurs années, d'abord le temps de ses études à Londres, puis des débuts de son activité professionnelle et politique en Afrique du Sud, elle n'eut pas le même parcours spirituel que lui. Comprenant que son séjour devrait se prolonger, il alla chercher sa famille qui dut se conformer à son mode de vie. On devine à certains passages de sa biographie que son épouse subissait plutôt qu'elle ne partageait le détachement de Gandhi à l'égard des biens terrestres. Au moment de son départ d'Afrique du Sud pour s'installer en Inde, il refusa tous les cadeaux qui lui étaient faits par ses amis et relations et il rapporte qu'il fallut qu'il discute longtemps avec son épouse pour lui faire admettre de ne pas emporter un bijou qui lui avait été personnellement offert. Elle reconnaissait bien qu'elle ne l'avait reçu qu'en raison des activités de son mari, mais elle avait du mal à accepter sa décision de s'en séparer. - Photo : Le lac de Gadi Sagar au sud des remparts de Jaisalmer est entouré de temples et d'oratoires. Il servait autrefois de réservoir à la cité et il accueille chaque hiver une grande quantité d'oiseaux. Quelques miettes lancées provoquent une émeute parmi les poissons-chats. -
Il y a un petit personnage discret qui m'a beaucoup plu en Rajasthan. A l'entrée des temples, les portails de pierre sont sculptés jusqu'au sol. Ils sont pourvus d'un seuil régulièrement flanqué de deux marches formées par le visage de "diablotins" que les fidèles caressent et enjambent délicatement, après avoir retiré leurs sandales. Le petit temple que nous visitons sur la rive du lac de Gadi Sagar ne fait pas exception, et je remarque la pierre lissée, mais non usée, preuve de la douceur des gestes qui l'honorent. Le passage sous la muraille de la forteresse est gardé par des signes symboliques saillants dans la pierre blonde. Il me semble reconnaître au centre un grand soleil, accompagné de deux curieux personnages aux allures dansantes près desquels s'affairent des pigeons irrespectueux. - Photos : Détails de sculptures d'un temple du lac de Gadi Sagar à Jaisalmer. -
Jaisalmer était aussi une halte caravanière sur la route de la soie entre Orient et Occident. Elle a commencé à décliner avec le développement du commerce maritime et du port de Bombay par les Britanniques. Lors de l’indépendance, la partition et la fermeture des routes marchandes conduisant au Pakistan scellèrent en apparence son destin. Toutefois, les guerres indo-pakistanaises de 1965 et de 1971 révélèrent son importance stratégique. Isolée dans le désert du Thar, elle concentrait autrefois une activité visiblement florissante, si l'on en juge par les merveilles architecturales qu'elle recèle, que ce soit des temples ou des bâtiments privés. Ses havelî, maisons de maître remarquables, furent érigés à partir du XVIIIe siècle par des membres de la caste des marchands Bâniyâ. Ils sont ornés d'un travail très fin de la pierre, spécialité des artisans locaux. Malheureusement, bien que située au cœur d'un désert, la ville a connu une mousson désastreuse en 1993, qui a détruit partiellement ou complètement quelque 250 bâtiments historiques, parmi lesquels figure le plus ancien palais Râjput existant, le Rani-ka Mahal ou palais de la Maharani. - Photos : Jaisalmer. -
Nous visitons un des sept temples jaïns construits entre le XIIe et le XVIe siècle, qui sont dédiés à des Tirthankara ou "passeurs de gués". La ville a longtemps attiré les étudiants qui venaient consulter les manuscrits Jaïns de sa célèbre bibliothèque qui en contenait plusieurs milliers. Le temple de Chandra Prabhu est constitué d'une enveloppe de grès jaune, à l'instar du fort, qui protège un intérieur de marbre blanc finement ciselé. Une coupole a été taillée dans un seul bloc de marbre. Nous ne savons où porter les yeux. Loin de lasser le regard, le foisonnement de sculptures procure une exubérance des coeurs, les sujets sont gais, beaucoup de personnages dansent dans des positions langoureuses, se font la cour et se cajolent, ou jouent des instruments de musique. Une mythologie joyeuse invite à l'élévation des âmes sans engendrer l'ennui. Le style des sculptures s'inspire de celui des temples Dilwara du Mont Abu en Rajasthan, qui sont un haut lieu de pèlerinage. Ces impressions contrastent avec le fondement de cette religion que je décris ci-dessous, et je crains de faire un contresens énorme en interprétant faussement ce que je vois de mon oeil inculte. - Photos : Jaisalmer. -
En effet, le mot Jaïn vient de Jina "les vainqueurs", c'est à dire ceux qui ont conquis l'illumination. Cette religion est née au Vème siècle avant J.C. dans la province du Bihar, et son fondateur est le prince Vardhamana qui passa à la postérité sous le nom de Mahavira, "le grand héros". Les Jaïns rejettent en bloc l'autorité des vedas et ne croient pas à un Dieu personnalisé ni en un créateur. Leur vénération s'adresse à l'attention des Tirthankara, "passeurs de gués", au nombre de 24, qui se sont succédés depuis des millénaires pour éclairer et guider l'humanité. La vie du Jaïn est fondée sur les Triratna, "trois joyaux", qui sont la droite croyance (samyak darsana), la droite connaissance (samyak jnana) et la droite conduite (samyak charitrya). De ce fait le Jaïn prononce 5 grands vœux :
- n'attenter à la vie d'aucun être vivant
- ne pas mentir
- ne pas voler
- ne rien posséder
- être chaste et détaché des choses terrestres.
Dans la pratique l'observance idéale de ces règles ramène à la non violence, à la sincérité et à la compassion.
Le spectacle de la rue nous fait revenir à des pensées plus prosaïques. Le guide qui nous donne quelques clés de la culture indienne nous fait remarquer des peintures près de l'entrée de certaines maisons. Nous n'y aurions pas prêté autrement attention, puisqu'y figure une énième représentation de Ganesh, le dieu à tête d'éléphant très aimé des Hindous, avec son 'vâhana' ou véhicule, le rat ou la souris Mûshika. En réalité, il s'agit d'une invitation à assister à un mariage ! Les dates sont indiquées, nous voyons que les festivités - et cérémonies religieuses - durent trois jours consécutifs ! D'une rue à l'autre, nous constatons que c'est une activité florissante, tout le monde semble s'être donné le mot. Profitant de l'ambiance exceptionnellement calme de cette ville où le centre échappe à la circulation motorisée, nous aidons nos hommes à faire leurs emplettes. - Photos : Jaisalmer. -
Depuis le début du voyage, Richard et Jean-Louis veulent s'acheter des vêtements légers locaux. La boutique fait office de salon d'essayage et le marchand, en prime, insiste pour leur enrouler sur la tête une longue bande de tissu en turban. Ce n'est pas triste ! Les filles font sécession et partent de leur côté pour faire aussi les boutiques. Il faut dire que la température n'a cessé d'augmenter depuis notre départ de Delhi et Jaisalmer atteint des sommets pour une saison soit-disant hivernale, plus de 35°C, c'est sûr ! Emportée par l'ambiance, j'investis dans un pantalon léger. Ces tissus de coton et ces coupes lâches sont vraiment idéales pour ce climat, et vu les prix, nous aurions tort de nous en priver. L'ajustement des tailles n'est pas un problème : le couturier est installé dans l'entrée avec sa machine qui évoque les anciennes Singer. Et si nous préférons des manches courtes aux longues, qu'à cela ne tienne ! Il suffira de les couper. Toutefois, de retour à la maison, j'ai une mauvaise surprise : aucune couleur ne tient ! Je me précipite sur Internet où je lis que les recettes-miracle du vinaigre et de l'eau salée sont en réalité peu efficaces (et font virer la couleur d'un de mes pantalons du rouge bordeaux au presque noir). En outre, depuis que les Indiens abandonnent peu à peu les pigments naturels pour leur préférer des produits issus de l'industrie chimique, la fixation des teintures doit demander d'autres méthodes que j'ignore. C'est bien dommage, car ces vêtements sont aussi des souvenirs qu'il me sera difficile de jeter. - Photos : Jaisalmer, invitations au mariage. - Boulets et cylindres de défense en pierre sur les créneaux de la citadelle. -
Une fois faites les emplettes, nous nous admirons mutuellement : nous avons presque l'air d'être indiens ! En effet, outre le confort, nous avons à coeur de ne pas choquer la pudeur des habitants, surtout nous les femmes. Avoir la tête couverte d'un voile n'est pas un problème, c'est même recommandé pour se protéger de l'ardeur du soleil. En plus, les Hindoues assortissent ce beau et fin tissu coloré à leur sari que l'on devine par transparence, et elles le portent avec quelle élégance ! Parfois, elles en couvrent leur visage en guise de lunettes de soleil, de protège-poussière ou d'écran vis-à-vis des regards trop appuyés. Ainsi accoutrées, nul ne nous fait de réflexion pour la visite des temples et nous nous insérons naturellement dans la population indienne. J'ai souvenir d'une Américaine en short lâche et court, tee-shirt largement échancré sur une poitrine généreuse, bras nus, coiffure follasse, qui s'était assise en tailleur pour regarder un spectacle. J'en avais honte pour elle ! Il y a des choses que l'on peut faire chez soi, parce que cela fait sourire ou laisse indifférent, mais que l'on devrait avoir la décence de ne pas faire dans les pays orientaux, par respect pour les sensibilités locales et les gens dont nous venons découvrir les coutumes. - Photos : Jaisalmer, couturier dans un magasin de vêtements - Patio d'un hôtel. -
Pages Rajasthan |
|||||||||||
Delhi |
Mandawa |
Bikaner |
Jodhpur |
Kechan |
Khuri |
Khuri |
|||||
11 |
|||||||||||
Jaisalmer |
Jodhpur |
Udaipur |
Udaipur |
Udaipur |
Sas Bahu |
Amber |
Jaipur |
Jaipur |
Fatehpur-Sikri |
||
Pages Mumbai |
21 Agra |