Cette région montagneuse est bien agréable pour nous : c'est la première fois que nous revoyons de l'eau courir en étroites rivières ou s'étaler dans une combe en lac retenu par un petit barrage. Les paysans du coin pratiquent une irrigation moins onéreuse que dans les vastes plaines que nous avons parcourues jusque là. Au lieu de payer l'eau amenée par un canal ou de puiser profondément dans une nappe phréatique, il leur suffit d'installer une roue persane. Nous voyons un homme tranquillement assis à l'arrière de ses boeufs qui tournent en entraînant un axe. Celui-ci actionne une roue autour de laquelle pend une chaîne où sont fixés des godets. Ils s'emplissent d'eau en bas, remontent et se renversent au sommet de la roue dans un canal qui la répartit ensuite dans les champs bien verts. Quel plaisir ! Nous commencions à être en manque. Tous les fonds de vallée sont ainsi exploités et ils offrent des couleurs qui réjouissent les yeux. - Photos : Roue persane. -

Nous faisons une nouvelle halte au Kumbhalgarh Fort, mais après les merveilles de Ranakpur, il paraît bien fade. Nous en profitons néanmoins pour nous dégourdir les jambes en faisant l'ascension jusqu'au sommet de sa dernière terrasse en haut de la montagne. J'ai été étonnée d'apercevoir en passant par une de ses salles une frise d'éléphants agressifs au bas d'un mur. L'un met à mal un dromadaire qu'il soulève par les pattes arrière, deux autres sont dressés et s'étouffent mutuellement, leurs trompes enlacées. Enfin, un quatrième bondit littéralement pour écraser un animal non identifié en mauvaise posture sur le dos. Vraiment bizarre ! Depuis la cime, nous avons un regard panoramique sur les montagnes plutôt desséchées en cette saison mais pourvues d'une végétation clairsemée. Sur les crêtes, les seigneurs ont fait courir une haute muraille d'une bonne longueur. Quelques temples hindous tendent vers le ciel leurs dômes coniques ouvragés en forme de bouton de fleur de lotus. Un des bâtiments évoque un temple grec : il est composé d'une collection de colonnes alignées surmontées de petits dômes semi-sphériques. - Photos : Kumbhalgarh Fort. -

Un groupe d'hommes indiens demande à ce que je les photographie avec mon propre appareil. Richard se met au milieu et paraît bien petit en comparaison ! En plus, il est le seul en tenue indienne, c'est un comble ! En redescendant, nous admirons dans une cour un vieux banyan au tronc multiple qui laisse pendre de ses branches basses des touffes de racines qui s'étirent pour atteindre le sol. Un minuscule village aux maisons blanches, bleues ou grises se terre à l'abri du rempart. Des Entelles sont postés à la sortie, ils ne sont pas du tout farouches et se laissent photographier dans des poses incroyables. C'est tout de même bien de constater cette cohabitation en bonne harmonie : ils savent qu'ils ne risquent rien des humains et s'en approchent de fort près, ne maintenant qu'une courte distance de sécurité. Ils ont un pelage d'une propreté immaculée et semblent bien se porter. On les sent tranquilles et paisibles, gentiment curieux de nos faits et gestes, même s'ils font parfois mine de nous snober. - Photos : Kumbhalgarh Fort, Entelles. -

C'est quasiment le soir lorsque nous pénétrons dans la ville d'Udaipur située sur les rives de trois grands lacs qui se jouxtent, Pichola, Fateh Sagar et Swaroop Sagar. Bipin ne peut pas nous amener au pied de l'hôtel. Il nous demande de descendre avec tous nos bagages et, peu enthousiastes, nous nous enfonçons dans la circulation dense et bruyante. Heureusement, nous trouvons un passage dans un mur, et nous débouchons miraculeusement au calme, sur une allée piétonne qui longe le lac Pichola. C'est génial ! Nous trouvons l'hôtel en remontant la rue qui prolonge le second pont, et au bout d'une petite allée perpendiculaire qui l'isole du bruit ambiant. Il a une décoration sympathique et chacun de nous s'installe dans une suite composée d'un salon multicolore ouvert sur une vaste chambre avec une alcôve propice à la lecture près de la fenêtre, et d'une salle de bain à l'italienne, équipée d'une douche sans rebord. La terrasse où nous prenons nos repas donne sur le lac et des maisons luxueuses. En quelques heures, nous avons changé de monde ! Avec un peu d'imagination, on se croirait presque à Venise... - Photos : Udaipur. -